Dans le quartier en pleine mutation de Nordvest, à Copenhague, un ancien bâtiment industriel s’est mué en véritable laboratoire social : Thoravej 29.
Ce lieu atypique réunit aujourd’hui plus de 35 organisations œuvrant dans les domaines de l’art, de la durabilité, de la démocratie, de l’innovation sociale et numérique. Leur ambition commune : transformer les idées en actions concrètes et contribuer à un changement positif de la société.
Ici, l’architecture et la programmation spatiale ont été conçues pour favoriser la co-création : des zones de travail ouvertes, des espaces d’exposition, des ateliers et une scène événementielle encouragent les échanges et la circulation d’idées entre disciplines.
Au-delà de son modèle communautaire, Thoravej 29 illustre une tendance forte de la scène danoise : celle de l’architecture comme catalyseur de transformation sociale. Un lieu qui prouve qu’il est possible de bâtir autrement, en alignant espace, valeurs et mission collective.
De l’usine municipale au hub créatif
Construit en 1967 par l’architecte Erik Stengade, le bâtiment abritait autrefois les Enchères Danoises de Fourrure, puis les laboratoires du Service Géologique du Danemark et du Groenland et enfin un centre municipal pour personnes en situation de handicap. Sa structure poteaux-poutres, ses dalles TT et ses façades horizontales en bandeaux vitrés témoignaient d’une architecture industrielle typique des années 1960.
Lors de la reconversion, menée par Pihlmann Architects pour la Fondation Bikuben, l’édifice a été entièrement dépouillé jusqu’à son ossature pour être repensé en profondeur, sans effacer son identité d’origine.
Une transformation manifeste
Le projet a été guidé par une idée forte : le bâtiment devait se réutiliser lui-même. Au lieu de démolir, les architectes ont réinventé chaque composant : dalles converties en escaliers, portes broyées en tables, briques transformées en pavage. Cette démarche de réemploi systématique a permis de réduire de 88 % les émissions de CO₂, de réutiliser 95 % des matériaux et de minimiser 90 % des déchets. Thoravej 29 est ainsi devenu une référence du design circulaire au Danemark, récompensé par une pré-certification DGNB Or et le titre de “Bâtiment de l’année” 2024 (Licitationen).
Réemploi et expérience spatiale
Le résultat est un lieu à la fois brut et lumineux, fidèle à son passé industriel mais tourné vers l’expérimentation. Les anciennes dalles TT structurent aujourd’hui des escaliers et du mobilier intégré, créant de nouvelles continuités verticales.
Les façades, autrefois fermées, s’ouvrent désormais largement sur le quartier par de grandes baies vitrées et des portes de garage transparentes. Black box, white cube, ateliers, studios vidéo, espaces d’exposition, salles de réunion, cantine et café : tout ici encourage la rencontre et la création collective.
Distinctions et rayonnement
Lauréat du concours de la Fondation Bikuben en 2021, Thoravej 29 a depuis remporté plusieurs distinctions :
- Bâtiment de l’année 2024 (Licitationen)
- Copenhagen Municipality Building Awards 2025
- Renoverprisen 2025 (prix national de la rénovation)
- Finaliste des Architectural Review “New into Old” Awards et des Danish Design Awards 2025
Aujourd’hui, le lieu accueille une communauté de 150 résidents issus d’une trentaine d’organisations. Entre héritage industriel et innovation durable, Thoravej 29 illustre comment la réinvention architecturale peut devenir une force de transformation sociétale et un modèle inspirant pour penser les espaces collaboratifs de demain.
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